C'est par où? [solo]

Sur la pointe des pieds, Sygerrik arrivait à dépasser le mètre; mais même de ce point culminant, les reliefs de la capitale s'estompaient derrière la végétation. À peine venait-il de pénétrer dans le bois des soupirs, que se retournant pour mémoriser son point de départ - toujours penser au retour !! - il était déjà cerné pas la flore. *Et béh tant pis ! Toute manière, y aura qu'a penser gauche, quand c'était droite... On retourne toutes les indications dans l'autre sens... et v'la le chemin du retour. Aller zou* La logique gnome, et plus particulièrement celle de Sygerrik, ne souffrait aucune critique. C'est donc sûr de son coup qu'il tourna à droite après la vieille souche, commençant à siffloter. Comme dans tout lieu qu'il parcourait pour la première fois, sa progression était lente : d'une, un pas d'humain en vaut bien deux gnomes; et de deux, un pas gnome en vaut bien deux de celui-ci. Le moindre changement de teinte du tapis blanc qui recouvre Garkam signifiait dans son esprit, un éventuel objet oublié là et recouvert depuis; une rapide pause lui permet alors de vérifier. Parmi cette épaisse végétation, venait ainsi d'apparaitre une nouvelle forme d'empreintes... De quoi laisser perplexe un chasseur aguerri : Deux traces d'une dizaine de centimètres se succèdent (les pieds) escortées de chaque côtés par des trous fins mais plus longs (les mains qui balayent la neige en quête d'un simple caillou)

Au bout d'une demi-heure, Sygerrik commença à douter de son itinéraire ! Il avait pourtant passé ses premiers jours à Néolias à s'excuser auprès de tout passant qu'il pouvait croiser, en quête d'un qui saurait le guider à travers ces bois. Ce qu'il cherchait, il n'en avait que la description du lieu, qu'il tenait de sa petite femme - avant... - et avait fini par décréter que le cataclysme l'avait probablement détruit, jusqu'à ce qu'un nain reconnaisse la description. *« Je vais souvent dans ce bois pour entrainer un peu ma hache contre les arbres. Et, ouais, je suis déjà passé par là » C'est très simple qu'il disait ! Tu parles, maintenant qu'j'y r'pense, il avait tout de même l'air un peu louche ce nain. Y a rien dans c'te bois !* Ses sifflements s'étaient changés en marmonnements que même les écureuils qui suivaient l'étranger depuis son entrée n'arrivaient pas à déchiffrer. Il pestait en fait contre ces Néoliens " 'savent pertinemment de quoi j'leur parlais, mais z'ont pas envie de m'le dire", contre ce bois " y a rien ", contre cette hobbit " à cause d'elle que j'suis là ", contre ces racines dans lesquelles il se prenait les pieds " y en a partout ", contre ce nain" t'as rien vu, oui! " etc...
Sa mauvaise fois venait de prendre le dessus : il avait certes parfaitement suivit les indications a priori exactes du nain, mais dans une foret, rien ne ressemble plus à un arbre qu'un autre ! Et comment savoir si l'arbre couché qui marquait le tournant à droite était bel bien celui qu'il avait passé? Et puis le "grand arbre"... Qu'est-ce que ca signifiait? Finalement, il sera impossible de savoir si le nain avait dit vrai. D'autant que depuis que Sygerrik avait décrété qu'il été perdu, il ne cessait maintenant d'improviser, tentant tel chemin, puis revenant en arrière quand le coin ne lui plaisait pas.

Il en était donc là de son errance quand il perçu le grognement, autrement plus important que les siens, du genre grognement qui vous ferais bénir celui que vous etes en train de maudire si jamais il lui venait l'idée de faire taire celui qui l'a émit. Immobile, ses yeux quittèrent le sol pour parcourir le paysage alentour. Son lent déglutissement fut le seul bruit qui troubla le calme qui venait de saisir le bois des soupirs. A chaque fois que ses yeux lâchaient un arbre pour passer au suivant, il redoutait d'y trouver autre chose qu'un tronc. Ce pouvait-il qu'il s'agisse simplement du nain qui l'avait renseigné, puisqu'habitué de cette forêt? Un nain est dans certaines circonstances très primitif, mais toujours plus agréable qu'un ours ou un loup chez qui vous venez de pénétrer... Sans plus réfléchir à la question que ça, l'examen terminé, Sygerrik se mit à courir sur sa droite - pourquoi par là... ? - levant haut les genoux pour ne pas etre freiné par la neige qui lui arrivait à mi-mollets. Ses babioles réparties dans son manteau s'entrechoquaient à chaque pas, générant un bruit impensable jusqu'à ce qu'il s'arrête derrière un tronc. Enfin derrière... Par rapport à l'endroit qu'il fuyait, car si le grognement venait de l'autre côté, ce serait plutôt lui qui cacherait l'arbre ! Mais une fois de plus, ce n'était pas la principale occupation du gnome qui ne pensait alors qu'a vérifier que rien n'était tombé de ses poches, certain d'avoir trouvé un abri.

Juchés sur leurs pattes arrières, les ours ont pour habitude de s'entretenir les griffes en lacérant des troncs d'arbres. Si les chasseurs les en remercient, heureux de trouver une piste en examinant la végétation, d'autres préfèreraient qu'ils s'en abstiennent. Sygerrik pourrait en faire parti, car le grognement que le gnome avait perçu n'était rien d'autre que le lent craquement d'un arbre qu'un ours, trop adossé dessus, fit s'effondrer. Seulement, plaqué contre son tronc à lui, Sygerrik imaginait toujours diverses origines de ses récentes sueurs froides.
Lorsqu'il décréta que les lieux étaient redevenus paisibles et surs, un tête apparue sur les côtés du tronc, guettant le moindre signe alarmant. Maintenant convaincu que la voie était libre, Syg repartit en chasse.

Cette fois, la ballade fut silencieuse; l'humeur était boudeuse ! Persuadé que le nain s'était amusé à lui faire peur, il était vexé de s'être affolé pour rien. A ce rythme, jamais il ne retournerait dans sa petite taverne. Si il voulait traquer un jour un Arawak, il lui faudrait apprendre à reconnaitre les bruits, apprendre à se diriger dans une foret, apprendre à dormir dehors aussi ! Car ses dernières nuits de route pour rejoindre Néolias seraient à marquer dans l'histoire de Garkam, si le gnome acceptait de narrer ses péripéties - qui sait, avec un peu de bière, on peu vite venir à bout de ses hontes les plus intimes... C'était d'ailleurs pour dormir qu'il s'était directement rendu au bois des soupirs : ce n'est que la veille de son arrivée à Néolias qu'il réussit à passer une nuit digne de ce nom, trop épuisé pour râler contre la caillasse qui lui rentrait dans le dos et le froid qui l'enveloppait. La nuit du lendemain était pleine de promesses, mais les rues de la capitale étaient aussi inconfortables que les abords du Nifagua. Du coup, son deuxième jours fut occupé à rechercher le moyen de rejoindre la cabane de son beau-papa.
Celui là, il ne l'avait jamais rencontré, mais sa petite femme lui en avait suffisamment parlé pour qu'il le reconnaisse. Encore fallait-il trouver l'endroit, maintenant que le chemin était perdu... Trainant des pieds, Sygerrik déambulait, la tête penchée et ramassant de ci de là une branche morte pour la jeter un peu plus loin. *Mouais, v'la que j'suis perdu maintenant. A moins qu'l'illuminé se décide à s'montrer, j'suis pas pres de r'ssortir d'ici. Et puis y'a que...*

Les yeux rivés sur la végétation environnante, Sygerrik s'était arrêté sans prévenir, la jambe gauche encore en suspend, prête à fouler la neige pour stabiliser le gnome. Mais oui c'est... Euh.. Si ! Oui oui ! Mais oui forcément ! Hoho ! Youhou. Le lieux correspondait parfaitement à la description que sa petite femme lui avait faite à son retour de la capitale - à la naissance de leur petit fils à eux, elle était partie à la rencontre de son père, parti s'exiler dans le bois des soupirs pour etre plus près de ces petites-bêtes-qui-nous-entourent-et-que-tout-le-monde-tue, alors qu'elle était repartie vers les premiers reliefs des monts brumeux qui l'avaient vu naitre, et de retour de ce voyage, elle n'avait pas manqué de lui décrire précisément le phénomène et la petite bicoque qu'il s'était bâti. La joie était revenue, et Sygerrik sautillait d'une jambe sur l'autre, soulevant à chaque montée de genoux un grande brassée de neige. Bien réchauffé par ses acrobaties, il se mit alors à courir en tous sens, surgissant d'un arbre voisin, avant de repartir vers un autre côté, rayonnant ainsi autour de l'endroit découvert et ponctuant sa course de "J'lai trouvée!","L'avait raison le nain.", "Gagné!" etc. Mais point de cabane aux alentours !
La bouche déformée par une moue dubitative, sa cadence se ralentie quelques peu, laissant les bras ballant comme un vestige de l'euphorie passagère. *Où qu'il a bien pu passer? Pourtant ! Bah oui, quand même, c'bien là...* En signe de réflexion, sa tête se pencha alors que son main droite partait gratter l'occiput.

Et c'est comme ça que le beau-papa fut vite remplacé par un magnifique... caillou ! Les yeux grands ouverts, il ramassa la merveille qui trônait à ses pieds. Tout blanc et presque rond, il était tacheté de petits orifices noirs. Ne dépassant pas les 5cm³ et si léger, son ajout dans le manteau violet ne se sentirait même pas! Et Sygerrik ne s'en priva pas.
*Bop, il a dû en avoir marre des bestioles et r'tourner en ville, c'tout.* Pas de cabane, pas de beau-papa, mais un magnifique nouvel élément dans sa collection. La journée de recherche n'était pas si mauvaise. Et puis : il avait réussit à trouver son chemin ! Par contre, comme les explications du nain étaient franchement douteuses... il laissa tomber la gymnastique gauche-droite pour le retour, et se contenta de marcher tout droit. *'Faut bien qu'elle se termine c'te foret...* Ses pieds furent donc son seul guide pour cette sortie de forêt; absorbé par la petite pierre qui roulait dans ses mains pour offrir coup sur coup chacune de ses facettes, il ne prêta aucune attention au paysage qu'il traversa. Et fini tout de même par ressortir... Est-il encore possible de compter le nombre de coup de chances de la journée? Car plus d'arbres certes, mais en plus : Néolias à droite. Il ne restait plus qu'au gnome à longer l'orée des bois en direction de la capitale et récupérer la route, pour ensuite partir en quête d'un autre toit.

[Fini !]

Eh bien ma foi j'ai peur des gros grattages d'habitude à cause des incohérences et parfois des erreurs de vocabulaire et syntaxe, mais là, franchement j'me suis bien marrée à te lire ^^

85 xp (c'est bientôt les soldes de la saison chaude xD)
au plaisir de te relire ;p