Dans les bras de Melindaë [ Bran ]

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Lucya était dans le temple, occupée à nettoyer l'autel et la grande statue de Melindaë. Une fois par semaine environ, elle entreprenait de faire les poussières dans le temple. Elle n'aimait pas donner de la jeune déesse une image sale et dédaigneuse, qui était tout le contraire de l'entité divine... Elle était toujours déçue, à l'heure des cérémonies, de voir le peu de personnes qu'attirait son église. Mais elle se consolait rapidement, en voyant le visage de la poignée infime de fidèle, qui buvaient chacune de ses paroles, trouvant force, courage et réconfort en ses mots... Depuis quelques temps, Lucya pensait à rétablir l'ordre chevalier du temple , les Templiers de Melindaë... L'ancienne prêtresse semblait avoir détruit les registres, et il ne restait que quelques notes griffonnées sur un carnet... Apparement, l'ancien Chef des Templiers occupait également le poste de bibliothécaire, mais elle n'était pas parvenu à le retrouver... Elle se demandait si l'église de Melindaë n'allait pas tout simplement finir par être oubliée. Elle devrait alors se trouver un nouvel emploi... Avec un air un peu triste, elle effleura du bout des doigts le livre de prières, posé sur l'étoffe pourpre de l'autel...

Les hautes voûtes du temple s'entrecroisaient par dessus ma tête. Le nez en l'air, émerveillé, j'observais avec quelle grâce les elfes de cette cité avaient su donner forme à l'harmonie qui leur est si chère.Qui m'était si chère aussi, malgré mes origines quelques peu...rustaudes.
Assis en tailleur sur les épais tapis aux motifs complexes qui s'étalaient sur le sol de la vaste nef du temple de Mélindae, quelques fidèles pieux, immobiles dans leur prières...

Ils n'étaient qu'une poignée, diminué par le temps mais grande par la ferveur qui suffisait à faire taire respectueusement quiconque pénétrait ces lieux saints.

Pas un bruit en effet, outre le couinement discret de mes chausse sur le pavage des allées, ne troublait la quiétude du temple. Le bruit permanent des ruelles basses de Néolias n'était plus qu'une rumeur, et il aurait suffi de s'asseoir avec les autres, de se murer dans le silence pour se croire dans la montagne, plus près du dieu qui motivait ma présence ici.

Mélindae.

La douce Mélindae.Moi qui avais manquer demeurer dans les ténèbres des cavernes avemaines, j'avais suppliée mon maitre, puis, celui ci s'étant tu, la déesse.
Je n'avais plus qu'un désir, murmuré d'une voix faible à mon ami semi elfe, Len: « revoir Ekhi... »
Le soleil. L'engeance généreuse de la déesse mère...Et pour m'avoir sauvé, je venais admirer les lieux que les elfes avait su avec habileté et finesse architecturale lui dédier.

Je pénétrai un peu plus la nef, m'avançant dans une crainte respectueuse de l'autel, encore loin devant moi.
J'avançai à petits pas lents, pesés, serrant comme pour me raccrocher à la bandouillère de ma besace instrumentale, qui devrait bientôt s'alourdir, car la quête, avait eu, sinon un prix en sang et en vie, une récompense pécuniaire confortable pour une personne de mon état.

Arrivé devant l'autel luisant dans le soleil qui tombait en rai sur sa surface de pierre polie, je tombai doucement à genoux, puis m'étalai de tout mon long devant la statue monumentale de Mélindae.

J'étais alors le plus humble des elfes devant sa face.

Je lui adressai des prières de remerciement. Merci, pour m'avoir permis de revoir la lumière, de m'avoir protégé des dangers et de la ténèbre grandissante du dehors...Remis debout, je lui adressai encore une prière muette:

-Merci pour ton fils, Melindae aux yeux brillants comme la glace
Merci pour m'avoir sauvé, Mélindae aux yeux d'onde...
Merci pour...

Je m'arrêtai un instant, pétrifié dans un sourire.

La belle prêtresse, Lucya, s'avançait vers moi de sa démarche légère, un doux sourire aux lèvres...

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Lucya était occupée à traduire quelques textes en elfique, trouvés par hasard dans les armoires du temple... Elle jeta un rapide coup d'œil aux personnes qui étaient présentes. Tous des fidèles, qui priaient pieusement la mère Mélindaë... Elle sourit en voyant ces personnes de tout ages et que tout semblait opposés, réunis en un même lieu pour un même désir : se rapprocher de leur mère divine.

Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas fait attention au jeune barde qui était rentré dans la nef. Elle remarqua sa présence lorsque celui-ci se redressa, après avoir prouvé son humilité en se plaçant face à terre devant la statue de la déesse. Il paraissait jeune, et était, ma foi, fort séduisant... Se prenant à penser de la sorte, la prêtresse sentit ses joues s'empourprer. Se reprenant, elle s'avança vers le nouveau venu, avec un sourire qu'on lui connaissait si bien :

" Bonjour à toi, enfant de Melindaë. Que peux t'offrir la maison de la déesse mère ? C'est la première fois que je vous vois en ce temple... "

Dieux tout puissant, que vous aviez fait de vos premiers enfants un condensé harmonieux de beauté...La prêtresse, vêtue d'une ample robe décolletée qui laissait, si on y prenait garde, entrevoir la peau légèrement halée de ses jambes effilées...

Me troublant quelque peu et baissant les yeux sur mes pieds, j'attendis respectueusement le salut de l'intermédiaire de la déesse-mère sur terre.

-Bonjour à toi, enfant de Melindaë. Que peux t'offrir la maison de la déesse mère ? C'est la première fois que je vous vois en ce temple...
-En effet, prêtresse,c'est ma première venue en la maison de la douce Melindaë. Je m'en étais venu lui adresser ma sincère prière de remerciement pour m'avoir permis de rentrer sain et sauf en cette ville après ce voyage dans les cavernes avemaines ou nous maquèrent, mes compagnons et moi, de laisser nos âmes errer pour toujours...

Quel était ce trouble qui envahissait mon âme?Cette elfe méritait vraiment sa réputation: belle, et gracieuse, et charmante...on disait même que nombre de coeurs elfiques soupiraient sur son passage lent, éthéré... à l'image de son vêtement blanc qui semblait flotter autour d'elle telle une aura.
En relevant les yeux, point trop haut pour ne pas me montrer offensant par un contact direct entre nos regards, j'eus le malheur de poser les yeux là où le tissu de la robe laissait place à la naissance de sa gorge, et à sa peau halée où tombaient deux grandes mèches de cheveux, des cheveux d'un blond superbe...Mes pensées se bousculaient dans mon esprit et, comme deux moutons qui essaieraient de franchir une clôture à deux de front, poussés par le reste du troupeau, je cru bien que mes mots allaient faire pareil au sortir de ma bouche...

Les rouages de la vie sont parfois sournois: je désirais simplement discuter calmement, comme j'en avais l'habitude, et voilà que je tombais sous le charme d'une prêtresse, qui me regardait toujours avec un petit sourire heureux qui semblait ne jamais quitter ses lèvres...

-Je voulais m'assurer que... que la déesse entendrait mes louanges...Le peuple oublié a tellement la fâcheuse tendance de la maudire quand tout déraille, mais de ne jamais la gratifier d'une prière quand la destinée vous sourit...aussi joliment que vous ne le faites...

Ton esprit est il si altéré pour complimenter ainsi une elfe, Bran?Un terrain aussi plaisant que dangereux, celui sur lequel je m'aventurai...

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

-Je voulais m'assurer que... que la déesse entendrait mes louanges...Le peuple oublié a tellement la fâcheuse tendance de la maudire quand tout déraille, mais de ne jamais la gratifier d'une prière quand la destinée vous sourit...aussi joliment que vous ne le faites...

Lucya sourit au barde, en sentit son cœur battre un peu plus vite.

" - Hélas, vos propos ne sont que trop justes. Nombreux sont ceux qui en implorent notre douce mère divine dans les difficultés, mais l'oublient dans l'allégresse... "

Parler de ces problèmes religieux, en particulier le fait que nombres de personnes vouaient à Melindaë les difficultés de la vie sans penser à la déesse comme bienfaitrice, avait attiré sur le visage de la prêtresse une expression de tristesse... Elle retrouva cependant assez rapidement son sourire en regardant Bran :

" - Cependant, je suis heureuse lorsque de nouveaux être... Puis je vous demander votre nom, sans paraître indiscrète ? "

Ah, ces fameux noms qui m'étaient si chers dans mon métier de trouvère...Quand on y songe, et sur des point qu'il me semble avoir mille fois abordés avec mon maitre, il s'agit réellement du pouvoir le plus puissant que les dieux éternels aient jamais mis dans les mains des hommes, tout en en gardant le contrôle...

Car un nom, gravé à la naissance par les dieux sur le front de celui qui le portera tout au long de son existence, est la synthèse absolue, l'essence même de la personne, retenue oralement par les elfes et quelques hommes qui se rapprochent ainsi et par maints égards de notre race, et gravées dans la pierre, sous forme de froides runes éternelles, par ces désespérante créatures qui jouent avec cette magie des Siècles qu'on nomme les Nains...

Mais n'entrons pas dans cette polémique qui n'aboutira,j'en suis persuadé, jamais, même pour le peu de représentant de ce peuple souterrain que j'avais jusqu'alors rencontrés...

Les noms sont décidément de bien curieuses choses... Et même si celui par lequel nos comparses nous appellent n'est qu'un faible écho du vrai, que quelques fous recherchent parfois durant leur vie entière, il est dangereux, sinon fatal, de le confier à la légère à quelqu'un, même de confiance. Car quand un mortel prend possession d'un nom, les Quatre Eléments sont impuissants à dissimuler le porteur...

Mais ici, succombant aux charmes redoutables de la prêtresse et ayant déjà commencé à rompre le silence du temple, je lui adressai ces mots très simples, tout en esquissant une réverrence que je voulais la plus élégante:

-Je me nomme Bran Solymir, belle prêtresse de Mélindaë, trouvère dans cette ville qui m'accueillit du mieux qu'elle put après une période fort sombre de mon existence...

Je pense que jamais plus dans ma vie je ne vis un sourire aussi beau et aussi séduisant que celui que Lucya m'adressa alors. Je relevai les yeux, croisant enfin son regard, et je cru que j'allais à jamais m'y perdre:

Ses yeux, d'un or pur, étaient aussi séduisants que son sourire charmeur...

Je cédai.

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Lucya sourit et rendit a Bran sa révérence, toute aussi élégante.

" Et je me nomme Lucya Felynis, prêtresse de Melindaë, accueil des âmes égarées. "

Lucya jeta un bref regard aux personnes qui priaient dans le temps. Elle reporta alors son attention à Bran :

" Venez, ne dérangeons pas ces pieuses personnes. "

Elle l'entraîna un peu plus loin dans le temple, pour poursuivre leur discussion sans gêner les prieurs du temple :

" Dites moi, Bran Solymir, quel est votre métier en cette cité ? "

Les hautes colonnes des allées latérales nous entouraient depuis que Lucya m'avait emmenées à l'écart des fidèles priant dans la nef.
La forêt de marbre retenait mon regard en sa cime, et je dois admettre que, pour une petite pat, c'était pour échapper à la vison enchanteresse de la prêtresse...

C'est alors que sa voix calme se rappela à mon bon souvenir...Encore une fois, je crus fondre...

-Un bien pauvre trouvère, belle dame...je tente de me produire du mieux que je puis dans les tavernes et autres endroits publics où j'espère toujours gagner suffisamment que pour me payer gîte et couvert pour une nuit, deux si la paye est bonne, mais c'est plutôt rare... Et le lendemain matin, je quitte mon abri de la nuit , à nouveau en quête de spectateurs et d'un public à divertir.

Je fais voyager les gens, prêtresse, parfois jusqu'à la demeure des dieux elle même, par le récit si éclairant de leurs passions, qui se rapprochent parfois si fort des nôtres...(je déglutit). Et puis, la conscience populaire a besoin de retrouver le réconfort divin devant des évènements que seuls prêtres et bardes sont à même de donner une réponse...
Mais même pour pareil périple, elle ne paie jamais guère, cette plèbe rêveuse...Sauf si le barde est bon, et je dis cela parce que j'ai encore beaucoup à faire pour atteindre un niveau satisfaisant en ce domaine ardu...
Tout ce que je puis dire de ma petite vie tranquille jusqu'à ma quête qui m'a pour ma grande joie amenée près de vous...

Je lui adressai mon sourire le plus séduisant, presque complètement perdu dans mes attitudes. La boussole ne répondait plus guère, et me voilà balloté tranquillement dans des eaux dangereuses...

-Et vous même, belle prêtresse, en quoi se tiennent vos obligations au service de la déesse mère?

Terriblement dangereuses...

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Les pieds nus de la prêtresse effleuraient le marbre froid avec grâce, accompagnant Bran dans une promenade au sein du temple. Elle sourit un peu en l'aidant conter qu'il avait parfois du mal à se loger. Le laissant finir sa phrase, elle se tourna vers lui lentement et avec grâce :

" Vous savez Bran, la maison de Melindaë est là pour accueillir les gens à la recherche d'un abri. Venez donc ce soir, et autant de soir qu'il vous plaira. Je ne doute pas que les chants d'un troubadour qui prête sa voix pour les Dieux ne puisse apaiser les souffrances de ceux qui viennent chercher du réconfort au sein de ce temple... "

Elle reprit lentement sa marcha dans le temple. Les hautes colonnes qui les entouraient constituaient à la fois un signe de puissance et d'humilité : puissance pour la hauteur de l'édifice, et humilité pour l'impression de finesse que dégageait la pierre froide...

" Je ne dois ni plus ni moins que veiller à ce que le culte de Melindaë soit respecté : officier au temple, apporter mon aide aux personnes qui le demande, soigner les blessés et les malades... Ce sont mes tâches quotidiennes. Bien entendu, il y a parfois des cérémonies, tels que des baptêmes, des mariages ou des enterrements en ce temple, mais je n'ai guère eu l'occasion de conduire ces cérémonies ici même... "

Elle marqua un léger temps d'arrêt, puis se tourna vers Bran un peu vivement, faisant légèrement volter les pans de sa robe et ses cheveux dans un petit tourbillon blanc et doré :

" Il viens de me venir une idée ! Pourquoi ne viendriez vous pas parfois en ce temple pour faire entendre au peuple vos chants sur notre douce mère ? Je ne doute pas que vous serez grandement remercié par les quelques fidèles qui vous entendront ! "

Je suivais la prêtresse au travers du temple, adaptant mon pas à sa démarche lente et gracieuse.
Elle avancait légèrement devant moi, et je pus, non sans honte, écouter le discours qu'elle me tenait d'une voix douce tout en observant la courbe de sa nuque et la droiture de son dos sur lequel s'étendait ses cheveux dorés...

Elle me proposait un logis.Une porte qui me serait toujours ouverte, quoiqu'il arrive...
Même si la vie que je menais me plaisait dans toutes ses facettes, même les plus désagréables comme la faim et le froid (quoique, d'après mon maitre, il fallait un corps fragilisé, acculé dans son dernier sanctuaire pour être un bon barde...).Une proposition très généreuse, même pour la belle Lucya, prêtresse de la déesse de la bonté...

C'est alors qu'elle se retourna brusquement, ses cheveux tournoyant ainsi que sa robe.Ma vue plus développée que celle des humains me permis alors, et je la maudit dès cet instant, d'entrevoir la peau halée au travers de la robe fine...

Il viens de me venir une idée ! Pourquoi ne viendriez vous pas parfois en ce temple pour faire entendre au peuple vos chants sur notre douce mère ? Je ne doute pas que vous serez grandement remercié par les quelques fidèles qui vous entendront ! "

A ce moment là, je sentis mon sang refluer vers mon coeur battant follement depuis que j'étais entré, et ce malgré tout le calme que je m'imposai.La tête me tourna, et ma vue, ô la perfide!, ne voyait plus que le sourire et les yeux charmeurs de Lucya...

Je cru que ma dernière défense allait tomber, que la porte allait céder, et avec elle, tout ma maitrise de moi et de mes émotions.J'eus été prêt à l'étreindre fougueusement, à oser l'embrasser pour le plus beau des cadeaux que l'on pouvait faire à un ménestrel encore, je l'avoue humblement, novice.

Je sentais déjà le petit coup de pies dans le tibia que mon maitre me donnait, comme pour m'avertir de me reprendre. Ce fut dur et, pour cacher ma gêne croissante, je serrai mes mains dans mon dos, et tapai doucement du pied pour évacuer le trop plein de gratitude effusif qui envahissait mes douves...

-Je...Je ne sais que dire, belle prêtresse...Cela est si...C'est si généreux de votre part, un pareil mécénat...Comment vous exprimer ma gratitude? Mille bâtons brûlants d'encens à la déesse mère ne suffirait à dire sans les mots tout ce...

Je m'étais troublé, encore une fois. Les mots coulaient trop vite, la crue était imminente.Mes pensées volaient en tout sens, ouvrant brièvement des fenêtres sur des perspectives d'avenir, sur la douce mélancolie de mon existence passée, sur mon destin de barde, si un jour j'atteignais un jour ce titre si convoité...

Et la dernière vision, la plus belle et la plus traitre à mon coeur,...

Ce furent les yeux d'or de Lucya.

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Lucya éclata d'un petit rire cristallin, lorsqu'elle vit le trouble de Bran. Elle avait déjà vu nombre de barde et d'autres personnes qui se passionnaient pour l'art qu'étudiait le jeune Solymir, mais aucun n'avait cette sensibilité, cette... humanité, qui semblaient faire la force du jeune elfe. Elle prit doucement les mains du barde dans les siennes et lui répondit d'une voix douce :

" Hélas, ne vous emportez pas tant, mon cher Bran... Mon église est bien pauvre pour le moment, est c'est un bien piètre mécènat que je vous propose... Néanmoins, je vous en serais éternellement reconnaissante si vous acceptiez toutefois de vos joindre à moi dans le culte de notre douce mère Melindaë... "

-Mon coeur, mon coeur, calme toi, ne t'emballe point!Je te sens vibrer d'un irrésistible tressaillement qui vient du fond de mon âme... Mais de grâce, ralentis le galop, étalon trop fouguex...Tellement fougueux que...
-Bran!
-Maitre, que se passe-t-il? Quel est ce charme si puissant qui m'empêche de raisonner clairement, fait entrer le débit des mes propos en crue, et qui fait fait voler mon coeur aussi lestement que le Corbeau en moi qui fond sur le Loup au bas de son domaine depuis le haut des cieux?
-Ah, petit barde... (il rit doucement)Cette prêtresse utilise sans le vouloir une puissante magie qui réside dans sa façon même d'être, et ô combien dangereuse pour un elfe aussi naïf et fougueux que toi quand il s'agit d'une elfe...J'aurais dû t'en protéger dès ton initiation...
-Quelle est-elle?
-La séduction, petit elfe...

Le rire de Lucya m'avait rendu encore d'avantage conscient à son charme indéniable. Puis, comme pour parachever l'enchantement, elle ma saisit les mains dans les siennes.
Et le contact de peau à peau se révéla pour moi comme une découverte de taille. La peau des elfes féminins sont connues pour avoir la douceur et la fraîcheur des sous bois qu'elles peuplent. Et rares sont ceux, même parmi leurs comparses masculins, qui peuvent y résister...

Je demeurai immobile, figé dans un sourire que je voulais charmeur, sans vraiment m'en rendre compte...

- Hélas, ne vous emportez pas tant, mon cher Bran... Mon église est bien pauvre pour le moment, est c'est un bien piètre mécènat que je vous propose... Néanmoins, je vous en serais éternellement reconnaissante si vous acceptiez toutefois de vos joindre à moi dans le culte de notre douce mère Melindaë...

En guise de première réponse, je caressai la peau de ses mains de mes pouces, demeurés libres.Mon coeur se calma doucement, dans un temps qui ralentit sa course pour moi. Je commençais à me dominer, et fixait le regard de la prêtresse, le souffre de mes iris perdu dans l'or des siens, la tête légèrement penchée.

-La déesse mère ne pouvait trouver plus belle et plus séduisante intermédiaire que vous pour m'attirer dans sa demeure, prêtresse...J'accepte d'emplir ce lieu de mes chants, et du chant de ma lyre...(j'osai esquisser un léger pas vers elle) , ne serait ce que pour votre seule reconnaissance...Lucya...

L'elfe était un cadeau des dieux...Son nom, un enchantement en soi...Qu'avais je osé faire en m'approchant ainsi d'elle?Le doux filet de ses charmes se refermait sur moi et, négligeant toute prudence, je m'y laissai aller comme Ekhi au jour de son Dernier Saut dans l'Océan...

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Lucya sentit ses joues s'empourprer au contact des mains de Bran sur les siennes. Il lui avait rarement été donné de frôler ainsi les mains d'un elfe masculin, et ce contact était différent de lorsqu'elle prenait les mains des personnes dans la détresse pour leur montrer le chemin... Elle sentait comme un étrange frisson sur sa peau, pénétrer en elle comme un tison ardent mais sans douleur, remonter dans son dos, le long de sa colonne vértébrale... Son trouble ne put que grandir en voyant Bran s'avancer d'un pas vers elle...

-La déesse mère ne pouvait trouver plus
belle et plus séduisante intermédiaire que vous pour m'attirer dans sa
demeure, prêtresse...J'accepte d'emplir ce lieu de mes chants, et du
chant de ma lyre...(j'osai esquisser un léger pas vers elle) , ne
serait ce que pour votre seule reconnaissance...Lucya...

Elle sentit à présent son cœur battre la chamade. Qu'était-il en train de lui arriver ? Elle eut une étrange vision, de son corps blotti entre les bras de Bran. Elle parut encore plus gênée, et recula d'un pas.

** Allons Lucya ! Tu es dans la maison de Mélindaë ! Mère et sauveteuse des âmes perdues... Mais... Qui d'autres qu'elle, l'éternelle amante, la douce épouse, pouvait comprendre cet étrange sensation ? **

Elle recula encore d'un pas, comme si s'éloigner un temps soi peu pouvait lui permettre de retrouver ses esprits... Elle se tourna à nouveau vers Bran :

" Et si nous allions poursuivre notre promenade au dehors ? Vous pourriez me faire écouter votre art sans que nous troublions le calme des prieurs dans le temple. Qu'en pensez vous ? "

Nous avions été si proches l'un de l'autre par mon audace.Un instant, d'étranges visons qui me font encore monter le rouge aux joues me sont venues à l'esprit. Tout auraient pu être possible en cet instant précis.

Mais elle avait rompu cet enchantement, comme si la belle ensorceleuse de mes esprits égarés présentait que la magie de nos charmes respectifs allaient devenir trop forte pour que nous puissions encore y résister.Sa main, dans un frisson, avait glissé le long de la mienne, et elle s'écarta d'un pas en arrière, troublée.

Ecartée de mille lieues...

C'est alors que la douceur de sa voix me parvint au delà des brumes, et un fol espoir reprit naissance dans le brasier qu'était mon coeur depuis un temps si court...

Et si nous allions poursuivre notre promenade au dehors ? Vous pourriez me faire écouter votre art sans que nous troublions le calme des prieurs dans le temple. Qu'en pensez vous ?

Et c'est empli d'un trouble encore grandissant que, inconsciemment, je lui présentai mon bras, un sourire séduisant aux lèvres, que mon maitre rendait cuisant dans mon esprit dont il parvenait à peine à se défaire des brumes...

-Je m'en voudrai de déranger la quiétude de ces lieux, prêtresse... Allons nous en donc au dehors, si tel est votre souhait...

Imbécile, encore un peu plus de folie et tu disais « désir »!Je ne me reconnaissais vraiment plus. La présence de la belle Lucya troublait décidément plus que mes sens tourbillonnant en tout sens...
Nous entamâmes notre marche lente vers le petit jardin du temple de Mélindaë, quand je vis une porte, quelque peu dissimulée derrière une large tenture dont les tons m'évoquaient la mer d'En-Bas-Des-Montagnes. Un vert tirant sur le gris bleu...Encore une oeuvre des tisserands elfiques qui, malgré l'appartenance à la même lignée que la mienne, ne cessaient de m'étonner.
Murmurant doucement dans la vaste entrée du temple, je demandai:

Dites moi, belle dame...Quel genre de salle peut cacher si belle soierie?Est elle si peu utilisée par les fidèles que l'on en fasse un lieu si discret?

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Lucya se retourna vivement vers les tissus précieux qui masquait une ouverture... Une porte pour parler clairement. Elle se retourna lentement vers le barde :

" Il s'agit du couloir qui mène aux appartement des Chevaliers de ce temple, ainsi qu'à mes propres appartements. Nous en avons fait un lieu discret pour ne point troubler les personnes voulant venir prier en ce temple, et pour permettre à moi ainsi qu'aux Chevaliers de bénéficier d'un peu d'intimité... "

Cela lui rappelait qu'elle n'avait toujours pas réussi à retrouver la trace de cet homme lézard qui avait jadis été le Capitaine des Templiers de Melindaë. Elle souhaitait ardemment lui faire part de ses besoins de retrouver un être pieu pour présider à nouveau l'ordre du temple. Elle aurait bien voulu proposer cette tâche au barde, mais connaissant les besoins de liberté de ces poètes errant, elle ne pouvait se resilier à le forcer à abandonner sa liberté...

Déjà la magie des mots opérait sur moi ses charmes...
Les chevaliers du Temple de Melindaë...Une association quasi mythique, dont la légende s'était sans doutes formées dès que les elfes avaient reconnu en la déesse leurs mère à Tous...
Mais dont j'ignorai tout.

J'imaginai de grands guerriers elfes, l'arc à l'épaule, un carquoi de flèches empennées de vert et dont les pointes luisait d'un éclat d'argent dans la nuit, leur champ de bataille.A moins que cela ne soit un groupe de moines aux capuches dissimulant leur regard, qui défilait en procession dans les rues de la cité, sous la houlette bienveillante de la prêtresse.

Mes pensées dérivèrent à nouveau vers Lucya.

Je me la représentait, vêtue de sa tenue solennelle blanche en lin fin, un fibule arborant le symbole reconnaissable de Mélindaë, et ayant aux lèvres le doux sourire diablement séduisant qui semblait ne jamais la quitter, et qui constituait, j'en suis persuadé, le réceptacle parfait de sa magie...Celle qui était en train de doucement exercer son emprise sur mes sens déroutés, comme un bateau ivre sur une mer en furie...

Puis la pression de sa main fraîche sur son bras me fit rouvrir les yeux.

Mes yeux jaunes s'étaient faits distants, et je n'avais piper mot depuis un temps qui me parut long, mais qui se révéla que de quelque secondes...

Penaud, je resserrai doucement mon coude autour du sien et, d'un pas de procession, nous nous dirigeâmes vers le jardin enneigé du Temple.
Il était magnifique.
Le soleil illuminait les murs en se réverbérant sur la glace bleue qui couvrait la végétation, la piégeant ainsi depuis un hiver trop long...
Des touches de mauves et de rouges se montraient parfois, courageuses fleurs qui venaient ainsi défier la cruelle saison.

Demeuré jusqu'à présent silencieux, j'osai lancer quelques mots, dont je ne sais si je dois en rougir ou non:

Melindaë et son fils Ekhi, là haut dans l'étendue des cieux, ont bien de la chance d'avoir une servante qui reflète si bien leur lumineuse bonté dans sa seule chevelure blonde...Que vous avez jolie d'ailleurs...

La rougeur envahit à nouveau mes traits confus, amplifiée par la proximité de la prêtresse et sa main fraîche et douce posée sur mon bras découvert jusqu'aux coudes...Je ne songeai même point, malgré le cri d'instinct qui me demandait de fuir, à quitter l'étreinte de son bras effilé.

Je me laissai prendre dans ses rêts,son sourire, son étreinte...

Son regard.

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Les Templiers de Melindaë... Jadis, cet ordre portait de fines armures elfiques, avec des armes portant la bénédiction de la déesse... Mais leur fin avait été précipitée avec le grand cataclysme. Les Templiers qui avaient constitués cet ordre sous l'ancienne prêtresse n'avaient pas respectés cette tradition, sans doute a cause du cout de tels armures. Peut être qu'un jour, le Temple retrouverait son lustre d'autrefois... Cela n'était cependant pas encore dans l'ordre des choses de ce monde... Reprenant ses esprits, la Princesse se retourna vers Bran avec un doux sourire. Les traits du barde étaient si fins, si délicats... Pour être franc, il était plutôt bel homme. Ses grands yeux dorés semblaient capable de percer les mystères du monde. Soudain, la prêtresse se demanda si le barde n'était pas capable de lire dans les esprits, et qu'il pouvait deviner quel était son trouble. Elle savait que cela n'était pas possible. A moins qu'il ne maitrise la magie ? Cela ne fit que faire grandir le trouble de la jeune prêtresse elfique.

Melindaë et son fils Ekhi, là haut dans l'étendue des cieux, ont bien de la chance d'avoir une servante qui reflète si bien leur lumineuse bonté dans sa seule chevelure blonde...Que vous avez jolie d'ailleurs...

Lucya sentit ses joues s'empourprer soudainement, et elle baissa la tête, terriblement gênée, mais aussi beaucoup touchée. Elle releva son visage vers celui de Bran, légèrement plus grand qu'elle.

" Merci jeune barde, vos mots me vont droit au cœur... Les dieux ont également beaucoup de chance d'avoir une personne à l'esprit aussi vif, et que leur louange soit chantés par un aussi beau barde que vous constitue en lui même un grand honneur. "

« La louange chantée par un aussi beau barde que vous... »Oh! Par les larmes de la déesse! Ce jeu de séduction acharné ne laissait encore entrevoir aucun vainqueur. Lucya avait toujours les joues joliment empourprées de mon dernier assaut involontaire sur la muraille de sa sensibilité...
Mais moi, dieux de mes ancêtres, je me tortillais les mains à m'en blanchir les jointures de gêne et du trouble qui m'envahissait, la porte ayant déjà cédé en mille éclats de frêne...

J'étais légèrement plus grand qu'elle, mais cette pseudo domination ne m'emplissait que de plus d'embarras: son regard d'or me fixait tel un archer en bas d'une tour, et ses lèvres entrouvertes laissaient s'échapper son souffle haletant sur les miennes....

Le coeur battant à tout rompre, les mains toujours enlacées au cour du jardin endormi sous la glace, je sentais son pouls suivre pareil galop effréné que le mien sur son poignet gracile.

Nous restâmes longuement immobile, proches l'un de l'autre et nos souffles brûlants s'élevant entremêles dans l'air glacial de cette journée qui avait vu mon coeur céder sous les douces attaques du charme ensorceleur de Lucya...

Dieux, était il permis d'envoyer telle beauté sur notre terre meurtrie?Tout en elle respirait le charme en parfaite proportion et harmonie.
Ses cheveux tombaient en une large cascade sur ses épaules et son dos,la courbe de sa nuque frôlait la perfection. Ses longues jambes effilées que j'avais eu la maudite chance d'apercevoir laissait encore dans mon souvenir une marque forte. Mais là, ô félonne nature!, comme tu avais si habilement créés les elfes de telle façon que si tu suivais la ligne de leur visage des yeux, votre regard d'elfe masculin se retrouvait immanquablement pris dans les formes généreuses cachées sous un corsage...

Et moi, candide être que je suis, je m'y suis laissé prendre...

La roue du Temps avait freiné sa course pour moi, encore une fois, mille images dont je ne peux que tirer trouble et confusion m'envahirent la vue...

Et je me retrouvai assis sur un banc de pierre grise, les bras de Lucya autour de mes épaules et enserrant ma nuque.

Prêtresse de Melindaë Nombre de messages : 32 Date d'inscription : 30/08/2008

Et je me retrouvai assis sur un banc de pierre grise, les bras de Lucya autour de mes épaules et enserrant ma nuque... Tout du moins était ce le cas dans les rêveries du barde, car certes, si Lucya et lui avaient pris place sur un banc de pierre dans le jardin du Temple, la prêtresse était encore trop peu sure d'elle pour initier ce genre de contact avec le jeune elfe. Tandis qu'ils restèrent en silence dans le jardin du temple, une volée de petits oiseaux vinrent chercher de la nourriture. Lucya sourit en observant le manège des petits oiseaux... Puis reportant son attention sur le barde, elle demanda d'une voix calme :

" Alors, mon jeune ami... Vous deviez me faire une démonstration de vos talents il me semble ? "

Encourageant le jeune barde par un regard et un sourire doux, elle attendit qu'il se décide à jouer.

Sujet: Re: Dans les bras de Melindaë [ Bran ] Ven 2 Jan 2009 - 18:48

La bulle de mes rêves éveillés creva sur les pics acérés de la réalité.Je soupirai intérieurement, comme de sursaut. Par les larmes de la déesse, les charmes de Lucya commençait à mêler en moi le monde invisible et le réel. Et déjà mon maitre accourrait pour connaitre la raison d'un tel trouble:

-Bran, tonnerre de dieux! Tu ne peux pas rester dix minutes avec un elfe du beau sexe sans te laisser aller a des rêveries douteuses? Ton imagination te perdra, petit barde à la manque!
-Mais maître, la magie...
-La magie n'a rien à voir avec cela, mon garçon!Cette elfe t'a séduit, c'est indéniable.J'avoue que j'ai manqué m'y laisser prendre un instant, tu es bien tombé, petit...Mais moi, j'ai su garder le contrôle de mon sang, étalon fougueux!Alors maintenant, cesse de te tourmenter la conscience pour ce jloi brin de fille, et joue!
-Bien maitre...à vos ordres, homme chantant...
-Cesse de ronchonner et joue!

Je m'assis. Chose déjà curieuse pour ma part d'imaginaire, puisque je pensais l'avoir fait.J'eus presque envie de tâter mes épaules et mon cou, comme pour me convaincre que les bras de Lucya ne les entouraient pas amoureusement.Me dominant et respirant posément pour recouvrir mon sang-froid, je saisis déjà ma lyre et l'accordai par quelques pincements de corde épars et décousus.

Le silence règnait dans le petit jardin du Temple, et sa prêtresse me fixait de ses yeux d'or, son sourire aguichant toujours étendu sur ses lèvres rouges...

Malgré le soupire qu'elle m'inspirait, je me sentais prêt à commencer.

Une note s'envola doucement, imperceptible.Une seconde suivit, déjà plus puissante que son ainée.Puis la mélodie pris son essor, rapide, souple, comme la course du personnage que j'allais introduire:

Ekhi le Bel, fils de Mélindaë, courait. Il voulait fuir sa sœur Sélénée qui, nue, le poursuivait. Car un esprit mauvais l'avait possédée, et seul le désir pour son propre frère l'animait encore.Elle avait voulu le prendre, l'amadouer par mille caresses et baisers, mais Ekhi, conscient du danger, fuyait pour sauver l'honneur et ne point entacher de honte son nom ni couvrir sa sœur folle d'opprobre.Les ronces du chemin vers le sommet de la montagne-mère lui mettait les pieds en sang, et seul son casque d'or lui tenait lieu de vêtement.

Le rythme de la musique en disait autant que les mots: la souffrance d'Ekhi aux pieds sanglants, le souffle rauque et la poitrine brûlante, et la folie, encore lointaine, de sa sœur au visage lunaire qui se profilait à l'horizon.

Sélénée, elle, allait nue, comme son amant l'avait quittée.Elle brûlait, elle se consumait dans son désir de le prendre, et nulle autre pensée ne lui occupait l'esprit. Sa chevelure s'accrochait dans les branches, de petites pierres décrochées de la montagne lui entaillait la peau, mais cela ne la freinait nullement sa course: elle voulait Ekhi, et rien d'autre ne comptait.

Là, la musique se ralentit quelque peu, car le dieu Soleil, qui régnait seul sur l'étendue du ciel,arrivait en haut du pic le plus élevé, face à l'Océan primordial où les vagues chantaient d'une mélopée forte et belle, sans se rendre compte du drame qui se déroulait en haut de la montagne.

-Ekhi, acculé tout en haut du monde, voyait avec horreur la silhouette nue de sa soeur approcher.Il saisit alors son couteau, jeta à terre son casque d'or qui éclairait le monde et, après s'être planté la lame d'argent dans le torse, se laissa aller en arrière, dans une chute vertigineuse.Et voilà le Coucher du soleil, rouge du sang d'Ekhi.

La musique siffla, accompagnant la chute du Soleil dans toute sa tragédie et tout son malheur, car la Lumière allait quitter le monde.Les notes pleuvaient, pleuvaient comme les larmes que Sélénée, revenue à la raison, laissait choir dans l'abîme dans lequel son frère allait trouver la mort.Les vagues s'ouvrirent sous lui, et Ekhi disparu de la surface du ciel.

Après cette mort affreuse, Sélénée se saisit du casque abandonné par Ekhi, afin d'éclairer malgré tout la surface de la terre. Il était trop grand, ce qui explique que la Lune expose parfois une petite partie de sa chevelure brillante.Elle demeura en haut de la montagne, jusqu'à ce que l'improbable se réalise.

Exsangue,mais victorieux des ténèbres responsables de la folie lunaire, Ekhi se releva à la surface de lOcéan, mais de l'autre côté de la montagne, à L'Est.L'Occident l'avait accueillie pour sa mort, et l'Orient lui offrait une porte dorée pour accueillir...sa résurrection.

Il remonta lentement le flanc de la montagne, fit face à sa soeur damnée et lui adressa ces mots:
« ma soeur, folle Sélénée, tu as manqué commettre un acte odieux. Puis tu as assumé la charge confiée par notre mère. Tu partageras donc l'éclairement du monde avec moi, et le dieu des forges te fera un diadème d'argent pour te permettre de remplir cette tâche chaque fois que je m'en irai combattre la Ténèbre...

Ma musique s'était faite douce, lente, comme ces mots graves adressés à la Lune.Ma lyre chanta seule, comme pour honorer le combat que livrait le Soleil, sous le regard attendrit de sa mère, Mélindaë.

Mon chant s'achevait ici.

Sujet: Re: Dans les bras de Melindaë [ Bran ] Mer 7 Jan 2009 - 19:10

Lucya avait écouté le barde chanter l'histoire du Soleil et de la Lune. Comme nombre de bardes, troubadours et ménestrels, il inspirait ses chants de contes et de légendes des temps lointain. Lorsque le barde eut finit de jouer, la prêtresse souriait toujours. La voix de Bran était mélodieuse, et son talent pour jouer de son instrument était indéniable.

" Je ne regrette pas de vous avoir fait cette proposition, mon cher ami. Votre voix est mélodieuse, et vos talents de barde sont indéniables... Je sais à présent que vos chants apaiseront à coup sur les fidèles de notre temple. "

Puis la jeune elfe des bois se souvint que le barde lui avait dit revenir d'une importante mission. Ainsi donc, il était aussi un aventurier. Brûlant de curiosité, ce qui était l'un de ses défauts, la jeune prêtresse ne put retenir sa question :

" Dites moi, toute à l'heure, vous avez parlé d'une mission, une aventure. Quel en était son but ? "

Elle eut un petit rire gênée, alors que ses joues s'empourpraient légèrement :

" Pardonnez moi ma curiosité, vous n'êtes pas obligé de me répondre "

Sujet: Re: Dans les bras de Melindaë [ Bran ] Mer 7 Jan 2009 - 19:36

-Oh! Du tout, belle prêtresse...a curiosité est surement l'une des plus belles qualité qui soient, car c'est grâce à elle que le monde avance...Ne croyez vous point?
Mais à part cela, mon aventure visait à élucider de mystérieuses disparitions de cargaisons à Port Etoile, la ville fluviale non loin d'ici.
Mon implication dans cette quête n'était que fort modeste et fort tardive, ne m'étant joint à la compagnie que sur proposition d'un ami semi elfe.Hélas, je n'ai point les qualités qui font l'étoffe des vrais guerriers. Aussi, j'ai bien failli périr dans la forêt où j'avais sombré dans l'inconscience suite à une attaque de Loups.
Si vous connaissiez ce qui se trame en moi quand l'Esprit même de la Peur, incarné par la Loup, se trouve si près de moi...

Rien qu'à la simple évocation de ce souvenir, je replongeai dans sa noirceur effrayante, où mon maitre, croyant bien faire,puisa dans mes réserves d'énergie déjà mises à mal par le long trajet. Là, bandant ma volonté et mon maigre courage, il invoqua le Grand Corbeau, Esprit protecteur des hommes chantant des Montagnes.

Et la Peur recula devant sa furie,mais mes forces s'étaient consumées, et je passai pour mort au milieu des cadavres du combat...

Mais, allez savoir pourquoi, en parler avec Lucya ouvrait en moi une vanne par laquelle s'écoulait la douleur liée à cet épisode sombre de ma petite existence.

Je dois sans doutes vous ennuyer avec pareilles péripéties sans intérêt, ma dame?Pardonnez moi, je...Votre présence me fait du bien, je me sens... plus ouvert à la narration de mes récits personnels.Sans peur ni honte, juste avec... de la confiance.

Là, j'avais tenté de franchir un pierrier escarpé, et je manquai une pierre, glissant inexorablement sous sa coupe séduisante....

Sujet: Re: Dans les bras de Melindaë [ Bran ] Mer 7 Jan 2009 - 20:39

Lucya sourit et prit doucement la main de Bran dans les siennes, avec un geste protecteur :

" Vous ne me dérangez pas du tout. Vous savez, c'est mon rôle d'être à l'écoute des âmes égarées. Et puis, il n'y à pas de plus grand honneur pour Melindaë, que celui qui épargne le sang pour revenir en vie en son foyer... "

Par ses paroles, Lucya tentait de pousser le barde à continuer de se confesser à elle. Si cela pouvait lui faire du bien, la jeune prêtresse était ravie...

Sujet: Re: Dans les bras de Melindaë [ Bran ] Dim 11 Jan 2009 - 15:02

Ses paroles, tel un baume, agissait sur les plaies à vif de mon âme. Elle avait pris doucement mes mains dans les siennes, comme le seigneur prenait celle de son protégé lors de leur serment...Qu'il semblait facile pour elle de me prendre en son pouvoir par de doux sourire et de petits gestes anodins. Mais c'était précisément ainsi que mon sang se mettait en crue, bouillonnait comme l'eau d'un chaudron, se glaçait subitement dès que l'enchantement se rompait.

Mystérieux pouvoir que la séduction en vérité.

Je pouvais le nommer, ma seule arme, même inefficace, contre cette douce torture du corps et de l'âme.

Et ma soif d'épanchement de souvenirs que je pouvais à présent déverser dans le coeur de Lucya me tentait, comme ces fruits au marché qui titillaient la volonté de mon estomac à me sussurer mille promesse de plaisirs si je les dérobais pour assouvir ma faim...J'avais envie, envie de tout narrer, tout donner, vider mes souvenirs des secrets les plus obscurs...

Envie d'elle, dans une certaine mesure.

Mais que lui dire? Et par où commencer?Depuis ma naissance, tant de choses m'étaient arrivées, et il me semblait infaisable de crever l'abcès de ma souffrance sans prendre chaque pièce du puzzle une par une.Pouvais je vraiment TOUT lui raconter? Ou fallait il ne lui livrer qu'une essence subtile, si subtile que seul moi pourrait en saisir tout la portée?
Il me donna la réponse, lui présent depuis une éternité en moi, lui qui toujours me guidait sur les chemins les plus ténébreux que j'avais foulé, lui qui faisait partie intégrante de mon esprit et de ma conscience, et qui, sans doute, m'accompagnerait si j'avais le malheur de rencontrer Iba un jour...

Il fallait parler, depuis mon bannissement.

Mais pour cela , il faudrait s'élever, pour que la belle prêtresse, objet de mon trouble et de mon désir inexplicable, comprenne et partage le poids de ma souffrance psychique...

Mais tiendrait elle?

Sujet: Re: Dans les bras de Melindaë [ Bran ] Lun 19 Jan 2009 - 19:21

Lucya resta immobile. Le silence du barde était troublant.

" Quelles peuvent être vos pensées, noble ami ? Je serai curieuse de savoir ce qui semble vous troubler... "

Elle attendit patiemment la réponse du barde. Elle entendit les pas de certaines personnes qui sortaient du temple. Bientôt, la prière sonnerait sa fin. Lucya devrait alors quitter le barde pour vaquer à ses occupations de prêtresse.

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